mercredi 1 juillet 2015

Le Coin des Libraires - #19 Toxique & Bonjour tristesse de Françoise Sagan


Toxique de Françoise Sagan.

Mais il me semble que, désormais, les seuls rapports heureux avec moi-même, en dehors des autres êtres et des quelques moments d'exaltation ou de bien-être physique que la nature procure, ne pourront être que littéraires. 
Françoise Sagan, Toxique.

C'est à 22 ans que Françoise Sagan écrit Toxique, journal personnel qui relate ses émotions lors de son séjour en centre de désintoxication après être devenu accro au Palfium 875, un médicament qu'elle a commencé à prendre à la suite d'un violent accident de voiture. 
Alors que nous sommes en 1957, Françoise Sagan lève un tabou, celui de la toxicomanie, seulement, il ne sera publié qu'en 1964. C'est un récit très court - l'auteure n'est restée qu'une semaine -, qu'elle nous livre, récit lent et poétique qui nous permet de comprendre sa désintoxication, un moment fort de sa vie. 




J'ai dû terminer l'oeuvre en une trentaine de minutes tellement il est court, j'ai été un peu déçue de sa longueur, j'aurais aimé avoir un peu plus. En revanche je possède l'oeuvre dans l'édition livre de poche qui est illustrée par Bernard Buffet, j'adore cette édition elle illustre vraiment bien le texte, j'ai trouvé ça cool de lier le journal à des dessins, surtout qu'on pourrait nous-mêmes penser que Françoise Sagan aurait pu dessiner ça au moment où elle écrivait ses mots. 
J'ai vraiment aimé en savoir plus sur Françoise Sagan, sur son esprit torturé, peureux. J'ai aimé ces moments où elle parlait de ses lectures, où elle décrivait ce qui l'entourait. C'est un récit sincère, sans fioritures, un récit personnel qui nous est livré avec parcimonie. 

Les rues, les places sont autant de regrets. 
Ce capot noir qui s'élançait, ce bruit confiant, amical, Jaguar un peu longues, Aston un peu lourdes, je m'ennuie de vous à périr, après avoir failli périr par vous.
Françoise Sagan, Toxique.

Je le conseillerai vraiment aux personnes qui apprécient Françoise Sagan si elles ne l'ont pas déjà lu, il vaut le coup d'oeil.






Bonjour tristesse de Françoise Sagan.

Tard dans la nuit, nous parlâmes de l’amour, de ses complications. Aux yeux de mon père, elles étaient imaginaires. Il refusait systématiquement les notions de fidélité, de gravité, d’engagement. Il m’expliquait qu’elles étaient arbitraires, stériles. D’un autre que lui, cela m’eût choquée. Mais je savais que dans son cas, cela n’excluait ni la tendresse ni la dévotion, sentiments qui lui venaient d’autant plus facilement qu’il les voulait, les savait provisoires. Cette conception me séduisait : des amours rapides, violentes et passagères. Je n’étais pas à l’âge où la fidélité séduit. Je connaissais peu de chose à l’amour : des rendez-vous, des baisers et des lassitudes.
Françoise Sagan, Bonjour tristesse.

J'ai lu Bonjour tristesse peu de temps après Toxique. J'aurais peut-être dû commencer par celui-ci sachant qu'il s'agit du premier roman de Françoise Sagan, écrit alors qu'elle n'avait que 18 ans.
Nous suivons la jeune Cécile qui n'a alors que 17 ans. On découvre un récit plein de sentiment, de sensibilité. L'auteure possédait déjà une vision très mature de la vie pour son âge. C'est souvent ce qui est revenue dans les critiques, la maturité de Françoise Sagan, son objectivité. 
Cécile à conscience du mal qu'elle va opérer quand elle fera tout pour empêcher le mariage de son père et de Anne, la meilleure amie de sa défunte mère. Cécile oeuvre afin de les séparer, refusant les visions de sa future belle mère. 
J'ai beaucoup aimé ces instants de profondes réflexions, ces descriptions si réalistes de ce qui entoure la jeune Cécile en vacances au bord de la Méditerranée. 

Bien qu'à notre époque son récit semble être classique, au moment de la parution, Françoise Sagan représentait l'émancipation sexuelle. Son protagoniste, Cécile est libre, bien qu'elle vienne d'une bonne famille elle et son père sont libres de leurs actions, ils font ce qu'ils veulent. On le voit avec Cécile quand elle commence à fréquenter Cyril, celui dont elle pensera être amoureuse mais qui n'était en réalité qu'un amour éphémère. Il n'est pas question de mariage, d'engagement, non Cécile est trop jeune pour cela, elle veut seulement vivre, à sa façon. 
Cécile ne veut pas être enchaînée, vivre comme les petits bourgeois, vivre comme Anne. Bien qu'elle ait conscience que c'est ce qu'il faut faire, qu'elle a raison, encore et toujours, elle ne peut se résoudre à accepter de vivre avec les ordres et les réprimandes de la fiancée de son père.

Quand j’avais atteint un être, c’était par mégarde. Tout ce merveilleux mécanisme des réflexes humains, toute cette puissance du langage, je les avais brusquement entrevus. Quel dommage que ce fût par les voix du mensonge. Un jour, j’aimerais quelqu’un passionnément et je chercherais un chemin vers lui, ainsi, avec précaution, avec douceur, la main tremblante
Françoise Sagan, Bonjour tristesse.

Pour empêcher ce que Cécile estime être la pire chose qui pourrait arriver pour son père et elle, celle-ci n'hésitera pas à aller jusqu'à tenter le diable. Cécile va pousser son père dans les bras de son ancienne petite amie, Elsa, une jeune étudiante que son père a initialement invitée en vacances avec eux.
Cécile est le personnage indécis par excellence, elle ne sait jamais très bien. Ou plutôt, quand elle sait, elle ne reste jamais sur ses positions bien longtemps ? Aime-t-elle Cyril ? Cela dépend des jours.
C'est la même chose avec Anne, parfois Cécile aura besoin d'elle, et d'autres fois Cécile veut seulement la faire partir.

Je dirais que j'ai beaucoup aimé cette lecture, qu'elle fut elle aussi peut-être un peu trop courte mais que dans l'ensemble j'ai été conquise par l'auteure qu'est Françoise Sagan même si j'aimerais lire d'autres oeuvres de sa plume avant de me faire un véritable avis.


Pour les acheter c'est ici (libraire Chapitre) : Toxique
                                                                       Bonjour tristesse









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