lundi 23 mai 2016

Série du moment - #7 Bates Motel saison 4

Dans un article précédent, publié il y a longtemps déjà, je vous parlais de mon coup de cœur pour cette série après la diffusion de la saison 2, si vous souhaitez le revoir, c'est ici

Mais voilà, deux saisons ont passé depuis, j'ai sagement continué la série dans mon coin et je me suis dit qu'il était grand temps que je vous en parle. La saison 4 vient tout juste de se terminer aux États-Unis - la semaine dernière pour être précise - et le moins qu'on puisse dire, c'est que la suite promet ! 

J'attendais avec impatience son retour après la saison 3 qui m'avait laissé sur ma faim, forcément. Surtout, même si le Norman de Bates Motel n'est pas le Norman de Psychose, il me semblait évident qu'un jour arriverait où Norma disparaîtrait. Cela fait quatre ans que la série fonctionne sur la relation quasi incestueuse de Norma et son fils, la situation ne pouvait pas rester éternellement comme ça et surtout, j'attendais de voir comment elle allait mourir, si Norman allait la tuer dans un coup de sang ou si ça allait être plus subtil que ça. 
Alors oui, vous l'aurez compris Norma n'est plus. Un peu comme tous les fans de la série, je redoutais ce moment tout en l'attendant, sachant qu'il était inévitable pour la psychologie du personnage de Norman. Bien que le réalisateur Anthony Cipriano ait plusieurs fois répété qu'il ne s'agissait pas de l'histoire du Norman de Psychose, il paraissait évident que pour devenir le psychopathe qu'il est, il devait tuer ce qui lui était le plus cher au monde. 


Bates Motel saison 4


Mais avant ça, la saison est remplie de rebondissements plus ou moins intéressants. C'est d'abord Dylan, l'aîné de Norma bien décidé à partir avec Emma qui a reçu une greffe de poumons (merci mon Dieu !!). Son personnage apparaît beaucoup moins dans cette saison que dans les précédentes ce que j'ai trouvé dommage, il est celui de la famille qui est "normal" alors que c'est quand même lui qui est le fruit du viol qu'a subit Norma par son frère Caleb - il y a quand même de quoi devenir fou
J'ai aimé le voir avec Emma, leur couple ajoute énormément de légèreté à l'intrigue toujours très sombre. 
D'ailleurs, la seule apparition de Dylan dans l'épisode 10 m'a fait énormément de peine, je trouvais sa situation déjà hyper triste dans l'épisode 9 avec Norma qui, définitivement, n'en a rien à faire de lui, mais c'est surtout ce moment où il appelle Norman pour lui dire qu'il le soutient et ce dernier ne trouve rien de mieux que de dire que leur mère ne parle pas de lui et qu'il vaut mieux couper les ponts. 
Non mais c'est une blague ?? Norma vient de mourir et même pas il lui dit !! 


Cette saison a vu l'apparition du Docteur Edwards, psychologue de Pineview où Norman a été interné, nom qui n'est sans doute pas choisi au hasard puisqu'Alfred Hitchcock a réalisé un film nommé La maison du docteur Edwardes (1945) qui est en rapport avec la psychanalyse - je recommande d'ailleurs ce film qui est génial avec Ingrid Bergman dans le rôle-titre !
J'aime bien son personnage de psychologue qui est là pour aider Norman, qui est le premier à voir sa double personnalité et surtout à comprendre que cette autre personnalité qu'a choisi Norman n'est autre que celle de sa mère. 


Bates Motel saison 4


J'ai adoré cette saison en me disant que ça allait être la dernière pour le duo Norma/Norman, l'internement dans le centre, le mariage avec Alex Romero, le départ de Dylan, tout laissait présager que nous arrivions au bout. Et oui, les instants de bonheur entre les jeunes mariés seront de courtes durées, on retrouve l'idée des moments heureux qui ne durent pas, moments fugaces entre les deux personnages qui sont enfin réunis. Ça m'a vraiment fait beaucoup de peine pour le shérif qui est complètement détruit par la mort de Norma et le fait que le spectateur ait autant d'empathie pour Romero fait que l'on commence à détester Norman, à l'accabler, car après tout, c'est de sa faute. 
Mais, surtout, c'est cette scène absolument dégueulasse où Norman retire la bague de mariage du doigt mort de sa mère qui m'a fait dire que le coup de poing qu'il reçoit quelque minutes plus tard est amplement mérité. 

Ce dernier épisode m'a fait détester Norman, il a fait en sorte que je n'ai pas pitié de lui, mais que je l'ai en horreur. Le fait qu'il soit là comme un con à croire que sa mère est toujours vivante, qu'elle s'est cachée, fin à un moment quand tu vas jusqu'à déterrer ta mère et que tu te trimballes un poids mort jusqu'à ta maison, tu finis bien par te dire que tu as fait une connerie et qu'elle est bel et bien morte. En réalité, je l'ai détesté parce que j'aimais la relation Norma/Romero, et même si je pensais que Norman s'occuperait du mari avant la mère, je dois dire que c'est bien fait pour lui, qu'il n'a eu que ce qu'il méritait et que ce qui devait arriver, arriva. 

En conclusion, la saison 4 est une fois encore à la hauteur de mes espérances. En tant que fan invétérée d'Hitchcock et plus particulièrement de Psychose, j'aime beaucoup ce qu'en ont fait les scénaristes, ils ont su d'après moi rester fidèles à tout un univers, tout en réussissant à bâtir des choses autour. Maintenant, j'attends impatiemment la saison 5 qui d'après Freddie Highmore sera la dernière et je reste confiante, car même si Norma est morte, l'actrice Vera Farmiga n'a sans doute pas dit son dernier mot grâce à la psychose de Norman. 



Merci à vous d'être là.




mardi 17 mai 2016

Le Coin des Libraires - #20 Vernon Subutex I & II de Virginie Despentes

Ce diptyque (finalement y aura-t-il un volume 3 ?) de Despentes a fait sensation lors de sa sortie l'année dernière, mais comme je n'aime pas me jeter directement sur un livre quand il fait parler de lui, j'ai décidé d'attendre. D'attendre qu'il sorte en poche et que "l'effet Despentes" se calme surtout. 


"Vernon était incapable d’attraper les rênes de sa propre machine. S’entrechoquent le désir d’en finir, une colère noire, le dégoût de lui-même, la peur de ce qui arrive, l’asphyxie, le désespoir et la confusion."

Virginie Despentes, Vernon Subutex I


L'histoire, pas mal de gens la connaît maintenant. C'est celle de Vernon Subutex, un ancien disquaire quadragénaire qui, du jour au lendemain, se retrouve à la rue. Son loyer était payé par son "pote" Alex Bleach, grande star du rock et récente victime d'une overdose. Sans le sou et avec aucune possibilité de s'en remettre, Subutex va renouer les liens avec d'anciennes connaissances, mais aussi découvrir de nouvelles têtes comme la sublime Marcia. Une grande partie de l'intrigue repose également sur ces fameuses bandes que Vernon possède, une soi-disant conversation intime avec la star. Cette recherche va faire émerger de nombreux personnages - dont la Hyène déjà présente dans l'œuvre de Despentes comme Apocalypse bébé, je crois - qui seront prêt à tout pour mettre la main sur cette pépite que détient Subutex. 
La fin du tome I nous propose une vision bien pessimiste de l'avenir de notre antihéros, désormais obligé de vivre dans les rues de Paris. 

On ne sait pas exactement combien de temps s'est écoulé depuis la fin du tome I, des semaines sans doute puisque l'aspect physique de Vernon étonnera ses amis quand ils le retrouveront. Oui, on apprend rapidement que Subutex est activement recherché par ses "proches", ceux qui l'ont hébergé chez eux, ceux qui le recherchent pour mettre la main sur l'enregistrement de Bleach. 
Je ne veux pas raconter ce qu'il va se passer même si on peut facilement l'imaginer.


Vernon Subutex I de Virginie Despentes.

Il y a selon moi des points très intéressants dans ces deux œuvres, d'autres, qui le sont beaucoup moins. D'abord, il y a toute cette flopée de personnages très différents. C'est cool hein, je ne dis pas le contraire, je dis juste que quand tu débutes un chapitre, que tu ne sais absolument pas qui est le mec dont on te parle parce que tu as oublié son nom et qu'on en parlait il y a trente pages de cela, c'est tout de suite moins cool.
Attention, je ne dis pas que les personnages ne sont pas bons, au contraire, certains personnages sont de véritables pépites, rien que Subutex déjà, mais aussi la Hyène ou encore Aïcha. Je dis juste qu'il y en a peut-être un peu trop, que ce n'est pas toujours facile de suivre autant d'histoires à la fois, même si elles finissent par parfaitement s'emboîter. 
D'ailleurs, heureusement qu'au début du tome II, on trouve un petit récapitulatif des personnages, ça m'a permis de me rafraîchir la mémoire, mais j'aurais aimé qu'on le trouve aussi dans le tome I, à la fin. Ça aurait été une bonne idée simplement pour ne pas avoir à remonter je ne sais combien de pages parce qu'il faut retrouver la dernière fois dont elle nous a parlé de ce personnage qui ne nous dit plus rien. 

 Ce que j'ai surtout aimé dans ces personnages, c'est leur diversité, un mélange qui crée au final quelque chose d'assez comique. J'ai particulièrement aimé la présentation de personnages "marginaux" comme les actrices porno ou les zonards. 
Dans le tome I, j'ai été particulièrement touché par le personnage de Subutex qui est au centre de tout, le fil qui relie le reste, et plus on avance dans les pages, plus il s'efface, il disparaît pour ne finalement devenir qu'une ombre dans la vie parisienne. 
Au contraire, dans le tome II, je n'ai plus ressenti cette proximité avec notre héros, j'étais plutôt détaché, il n'était plus au centre. Je me suis davantage intéressée aux histoires d'Aïcha et de son père,  à son amitié avec la Hyène aussi et comment après avoir appris que sa mère faisait du X, elle a décidé de la venger. Mais ce que j'ai de loin préféré dans ce tome a été le chapitre où l'enregistrement d'Alex était enfin dévoilé, où j'ai bu ses paroles qui me paraissaient sonner si juste. 


Vernon Subutex I & II de Virginie Despentes.

À ceux qui disent que c'est du roman de gare, que Virginie Despentes est une personne qui n'est pas "une auteure", je répondrais que l'on a pas besoin de parler comme des bourgeois pour écrire quelque chose qui soit de "la littérature". Je trouve triste de voir que sous prétexte que certaines personnes n'aiment pas, elles puissent se permettre de dire si telle ou telle personne est un auteur ou ne l'est pas et surtout, j'aimerais savoir qui ils considèrent comme des vrais auteurs de nos jours.

Pour ma part, c'est ce qui a fait que j'ai aimé son œuvre, ses tournures de phrases tellement crues, mais aussi et surtout tellement vraies. Le regard qu'elle porte est ce qui m'a permis d'aller plus loin et d'accepter de me farcir 650-700 pages de Vernon Subutex et sa bande. J'ai littéralement adoré ses piques sur la société, toutes ses références sur le rock des années 70 à 90 (je crois !), cette façon qu'elle a de nous dépeindre un monde des apparences, un monde en plastique où la consommation est le maître-mot. Lors de certains passages, je me disais "mais c'est tellement ça, elle met des mots sur toutes mes pensées, sur mes idées". Oui, elle a raison et c'est en ça que son œuvre est si forte, si poignante, si retentissante. 
C'est le gros-gros point fort, cette ironie dans le ton, cette véracité dans ses propos. En revanche, son vocabulaire a fini par me gêner, la répétition incessante de certains mots était pour ma part de trop. Le fait d'être crue est une chose, de radoter en est une autre. 


"Il a complètement perdu la raison et, pour la première fois depuis des semaines, cette certitude le terrorise. Il reste un long moment, secoué de sanglots, assis tout seul sous cet arbre. Puis il sent, dans cette déflagration de désespoir, autre chose qui s’immisce, une sensation de joie inouïe, qui prend le dessus sur les larmes."
Virginie Despentes, Vernon Subutex II


Au final, j'ai été un peu déçue, je m'attendais à mieux à cause de toute cette publicité qu'il y a eu autour. Comme d'habitude, on nous vend quelque chose comme génialissime alors l'attente devient immense, et on se retrouve à se dire qu'on aurait sans doute plus aimé si on n'en avait pas tant entendu parler. Le tome II est un peu moins bon que le premier, j'ai même été jusqu'à me demander pourquoi l'avoir appelé Vernon Subutex alors que le personnage éponyme ne paraît plus si important que ça. Il est là, parmi nous et en même temps totalement absent, il est une volute de fumée qui s'enfuit parce qu'elle ne peut rester enfermée. Mais c'est surtout la fin qui ne m'a pas particulièrement plu, je suis arrivée au bout et je me suis demandée pourquoi, pourquoi avoir choisi cet aboutissement plutôt qu'un autre. Et encore aujourd'hui, je m'interroge, je ne comprends pas cette fin, elle ne me plaît pas plus que ça et j'espère qu'il y aura bien un troisième volet pour venir compléter tout ça.

Je pense néanmoins me mettre à la lecture de ces autres livres comme Apocalypse bébé et King Kong Théorie, d'ailleurs si vous en avez déjà lu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça m'aiderait !


Pour vous le procurer, c'est ici : Librairie Chapitre - Tome I (poche)
                                                   Librairie Chapitre - Tome II (poche)











Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...