samedi 30 juillet 2016

Le Coin des libraires - #26 La force de l'âge de Simone de Beauvoir

Comme je l'ai attendu ce livre, comme il me faisait de l'œil depuis des mois. La force de l'âge, paru en 1960 est la suite directe à Mémoires d'une jeune fille rangée (1958). J'ai lu ce dernier en décembre de l'année dernière et j'étais tombée amoureuse de cette auteure, de sa plume, de ses convictions, d'à peu près tout en fait. 


Depuis six mois que j'ai terminé son prédécesseur, je voulais absolument me plonger une nouvelle fois dans la vie de cette femme qu'était Simone de Beauvoir, mais j'ai préféré attendre l'été, d'avoir du temps devant moi pour me plonger dedans et surtout, prendre le temps de le lire. Effectivement, j'ai pris mon temps puisque j'ai mis quasiment deux semaines à lire les presque 700 pages qui le constituent. 

"Le jeu, en déréalisant notre vie, achevait de nous convaincre qu’elle ne nous contenait pas. Nous n’appartenions à aucun lieu, aucun pays, aucune classe, aucune profession, aucune génération. Notre vérité était ailleurs. Elle s’inscrivait dans l’éternité et l’avenir la révélerait : nous étions des écrivains."
Simone de Beauvoir, La force de l'âge (1960).

J'ai rarement de vrais coups de cœur pour un auteur en particulier, c'est plus généralement un livre et même encore, c'est plutôt rare. Bien qu'un de mes livres favoris soit écrit par une femme - Orgueil et préjugés de Jane Austen - j'ai tendance à préférer les auteurs masculins - peut-être parce qu'ils sont bien plus nombreux et tiennent mieux la postérité, mais c'est un autre débat. 

Résumé édition Folio

Vingt et un ans et l'agrégation de philosophie en 1929. La rencontre de Jean-Paul Sartre. Ce sont les années décisives pour Simone de Beauvoir. Celles ou s'accomplit sa vocation d'écrivain, si longtemps rêvée. Dix ans passés à enseigner, à écrire, à voyager sac au dos, à nouer des amitiés, à se passionner pour des idées nouvelles. La force de l'âge est pleinement atteinte quand la guerre éclate, en 1939, mettant fin brutalement à dix années de vie merveilleusement libre.


C'est le deuxième livre de Simone de Beauvoir que je lis, j'aimerais lire l'intégralité de son œuvre et j'ai décidé de commencer par ses autobiographies, soit six livres (sept si l'on compte La force des choses partie I & partie II), autant dire que j'ai encore de la lecture avant de me plonger dans ses romans, essais, pièces.

J'ai particulièrement aimé Mémoires d'une jeune fille rangée, j'ai aimé la façon dont l'auteure donnait son ressenti sur son sur enfance et surtout, il m'a permis de m'interroger sur plein de choses différentes et c'est ce que je recherche dans une œuvre quelle qu'elle soit, je vois l'art comme une chose qui ne laisse jamais indifférent et qui amène toujours une interrogation, du moins une réflexion personnelle par rapport à cette dite œuvre. Également je me suis énormément identifiée à elle ce qui forcément m'a permis d'apprécier cette lecture à sa juste valeur. 

La force de l'âge débute donc en 1929, on suit une Simone de Beauvoir qui débute dans l'enseignement, d'abord à Marseille puis à Rouen. Elle décrit précisément ses sentiments à cette époque, ces habitudes aussi, elle mélange sa vie personnelle aux actualités. Néanmoins même si elle parle énormément de son cercle d'amis, sa "famille" et précisément de Jean-Paul Sartre, on ne peut pas dire qu'elle s'épanche sur ses sentiments pour eux. Ce que je veux dire, c'est que si vous vous attendez à avoir des détails croustillants notamment sur sa vie avec Sartre, et bien, c'est raté - je dis ça parce que j'aurais quand même un peu aimé ! 

Elle parle énormément de l'actualité en général comme par exemple de l'histoire des sœurs Papin, cette affaire qui a inspiré bon nombre d'artistes, je pense en particulier à Genet pour sa pièce absolument génial, Les Bonnes ou encore Chabrol pour La Cérémonie
Aussi des gens de lettres, de théâtre de l'époque comme Jean Cocteau qui rencontre Jean Marais au détour d'une page, un soir de représentation. Elle parle pas mal de cinéma et forcément, bah j'ai trouvé ça trop cool ! Il y a notamment un passage où elle parle d'un film qu'elle venait de voir, Les 39 marches d'Alfred Hitchcock, nom qui lui était alors inconnu et le hasard veut que j'ai vu ce film quelque chose comme deux jours avant de le lire dans son livre ! 

Le livre se découpe en deux parties, la première allant de 1929 à 1939, la deuxième, de 1939 à la libération de Paris en 1945. Le début de la deuxième partie a une forme différente puisque c'est le journal que l'auteure a tenu durant la drôle de guerre. 
J'ai trouvé intéressant d'avoir un récit morcelé pour des évènements aussi importants que le début de l'occupation allemande en France, mais je n'ai pas vraiment compris pourquoi d'un coup le journal de bord se termine et l'on revient alors au récit "mémoire", c'est-à-dire écrit à postériori des évènements. 


La force de l'âge de Simone de Beauvoir, édition Folio.


La Seconde Guerre mondiale est une période de l'histoire que je trouve particulièrement passionnante et j'aime lire des écrits par rapport à celle-ci. C'est la première fois que je me confrontais au témoignage d'une femme française n'ayant jamais vraiment eu rien à craindre durant la guerre et j'ai trouvé ça intéressant. Elle n'est pas réellement en danger, mais elle est tout autant impuissante face à la situation. Elle ne peut que rester et voir certains de ses amis enlevés, déportés, tués. Ces passages sont extrêmement dérangeants, elle nous parle de personnes ayant appartenu à son cercle d'amis qui ne sont plus, elle nous parle de sa peur de perdre Sartre et de ne jamais pouvoir rien faire pour changer le cours de la vie. 

Ce livre est particulièrement captivant parce qu'il est une époque charnière dans la vie de Simone de Beauvoir, on sent bien à quel point sa façon de penser a évolué entre l'avant-guerre et à la fin de celle-ci. Elle reste cette femme qui croit au bonheur dur comme fer, mais elle est aussi une femme qui prendra les armes et décidera de se battre pour ce en quoi elle croit, et je pense sincèrement qu'elle ne serait peut-être pas devenue cette femme si la guerre ne l'avait pas fait réfléchir sur un certain nombre de choses. 
Mine d'informations sur l'époque de l'occupation, sur les rations alimentaires, sur le climat du pays, La force de l'âge permet de saisir les changements de mentalité survenus avec la guerre. 

À côté de son témoignage sur la guerre, j'ai aimé la rétrospection sur ses propres livres, ici sur L'invité, son premier roman publié qu'elle a mis quatre ans à écrire et également sur Tous les hommes sont mortels dont elle parle bien moins que le premier. Alors, c'est vrai que j'aurais aimé avoir lu L'invité, surtout qu'il a l'air vraiment cool, mais bon, ce sera pour une prochaine fois. 

Après lecture de ce roman, on ne peut que se rendre compte de l'importance du cercle artistique vivant à Paris à cette époque, elle nous parle bien évidemment de Sartre, mais aussi de Paul Nizan un de ses amis tués durant la guerre - qui a d'ailleurs gagné le prix Interallié en 1938 pour son livre La conspiration qui a l'air bien - ou encore de Camus, Picasso, Merleau-Ponty, Malraux. 
Entendre parler de ces grandes figures de l'art, surtout d'une façon romancé fait d'eux des personnages à part entière, des êtres que l'on connaît de nom pour leurs œuvres et que l'on découvre un peu plus intimement parfois grâce à Simone de Beauvoir. 

Et puis, il y a ces quelques lignes avant de refermer le bouquin, ce moment où elle parle de la mort, de sa réflexion sur celle-ci qui est tout autant intéressante aussi.  

Vous l'aurez donc compris, j'ai adoré ce livre, du début à la fin j'ai été happé par son histoire, son époque, l'écriture de Simone de Beauvoir, tout en fait. J'ai pris mon temps pour le lire afin de ne pas en perdre une miette et je ne suis pas déçue, je ne suis pas déçue d'avoir autant attendu pour le lire parce que définitivement, il valait le coup. 


"Cette mort qui nous est commune à tous, chacun l’aborde seul. Du côté de la vie, on peut mourir ensemble ; mais mourir, c’est glisser hors du monde, là où le mot « ensemble » n’a plus de sens. Ce que je souhaitais le plus au monde, c’était de mourir avec qui j’aimais ; mais fussions-nous couchés cadavre contre cadavre, ce ne serait qu’un leurre : de rien à rien, il n’existe pas de lien."
Simone de Beauvoir, La force de l'âge.




La suite dans le prochain volet de son autobiographie, La force des choses









mercredi 27 juillet 2016

L'Avenue du cinéma - #22 Animal Kingdom de David Michôd + série éponyme

Oula, ça commençait à faire longtemps que je n'ai pas écrit sur un film, il faut dire ces derniers temps je n'ai pas vraiment été au cinéma, je me contente principalement de "vieux" films - notamment ceux d'Hitchcock dont je suis actuellement en train de me refaire la filmographie

Aujourd'hui donc, on va parler film, mais aussi série ! Voilà, je reviens pour vous parler du film australien Animal Kingdom de David Michôd sorti en 2010 et qui a eu droit à son adaptation série cette année. Pour tout avouer, j'ai commencé la série sans connaître le film que j'ai découvert par la suite, donc je pense que mon jugement sur celui-ci a largement été influencé par mon visionnage du début de la saison 1. 

Pour ce qui est du film Animal Kingdom, il est le premier long métrage du réalisateur David Michôd et il a remporté le prix du jury au festival Sundance en 2010, voilà. L'histoire, c'est celle de Josh (James Frecheville) qui va vivre chez sa grand-mère après la mort d'une overdose de sa mère. Le film commence dans un petit appartement miteux, on y découvre J. et le corps de sa mère, inerte. Il appelle les secours et s'en va pour une nouvelle vie aux côtés de sa famille : sa grand-mère Smurf et ses quatre oncles. 


Les oncles justement, vont avoir un rôle capital dans la vie de J. et donc dans le film, ils sont tous très différents, mais ils ont en commun la violence et la criminalité. Le fait que ce soit le point de vue de Josh qui soit adopté nous permet d'avoir un regard extérieur sur les évènements, il ne fait pas partie de la famille à proprement parler, on se méfie de lui parce qu'il est jeune et surtout parce qu'il est "nouveau". 

On suit donc son personnage qui est jeté dans la cage aux lions et est indifférent aux évènements - je pense notamment à la scène où la police entre chez eux, qu'il les voit et ne réagit pas spécialement, il reste stoïque en attendant d'être arrêté. Du début jusque quasiment la fin du film, il va être manipulé tantôt par sa famille, tantôt par la police qui va voir en lui le témoin parfait pour enfin coincer cette fratrie de malfaiteurs. Etre manipulé ne semble pas le gêner plus que ça en plus, il accepte de menacer avec une arme un mec sur la route pour rien, parce que son frère Darren lui dit de le faire, il accepte également de coopérer avec la police parce qu'il n'est plus protégé par ses oncles et comme le dit si bien Leckie (le flic) Josh ne fait plus partie de la bande des "forts" il doit donc se débrouiller par lui-même. 

Après plus des trois-quarts du film on viendrait à penser que vraiment, Josh est incapable d'agir par lui-même et voilà que survient ce passage extrêmement dur où son oncle Pope qui est de loin le plus violent (et dérangé) décide de supprimer sa copine Nikki. À partir de là, les choses changent et c'est avec un climax riche en tension que le film touche à sa fin et alors je dis oui ! Cette fin est vraiment intéressante, le film se conclut sur le passage au monde adulte de notre protagoniste, lui aussi maintenant il fait partie des grands prédateurs, il n'est plus malléable comme il l'a été durant tout le film. 

Le cliché de la famille de gangster est franchement bien traité, Michôd n'a pas cherché à embellir les faits ou autre, au contraire il est désireux de montrer les erreurs humaines, la volonté de toujours gagner plus, la violence aussi qui est présente du début à la fin. Il ne s'agit pas de dénoncer, plutôt de dépeindre les échecs des uns et des autres, échecs qui coûtent la vie à plus d'une personne. 



Comme dit précédemment, j'ai commencé à regarder la série Animal Kingdom de Jonathan Lisco - d'ailleurs à l'heure où j'écris ces lignes, je viens tout juste de voir l'épisode 7 de la saison 1 composée de 10 épisodes. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai commencé, je dirais seulement que c'était sans doute par curiosité, quoi qu'il en soit j'ai trouvé le premier épisode très prometteur, ce qui m'a donné envie d'en apprendre plus et c'est à ce moment que j'ai appris qu'il s'agissait d'un film à la base. 


Après visionnage du film, je dois dire que j'aime vraiment bien la série, je la trouve intéressante, bien écrite, bien réalisée. J'avais peur que ce soit finalement qu'une pâle copie du film et pourtant non. Néanmoins, certains plans sont parfois les mêmes, le début de la série et pareil au début du film avec l'appartement dans lequel Josh vivait avec sa mère, sa grand-mère qui vient le chercher ou même cette scène où Pope va coucher Nikki dans le lit de Josh. 

Pourtant, à côté de ces similitudes, la série prend peu à peu ses distances par rapport au film, format oblige. Bah oui, son format de cinquante minutes fois dix permet d'étaler, de pousser plus loin dans l'histoire, mais également dans la psychologie des personnages. 

Pour moi, le personnage de Smurf est bien plus intéressant dans la série. De mon point de vue, les femmes sont particulièrement lésées dans les deux supports, d'ailleurs, on le sent particulièrement dans la série avec l'anniversaire de Pope, jumeau de Laura dont personne ne parle jamais. Néanmoins  la série nous donne à voir Smurf comme une femme de fer, une maman poule qui contrôle absolument tout, qui décide quels jobs ses fils feront et qui garde l'argent à la fin. Dans le film, on attend longtemps avant de voir se dessiner la figure castratrice et dominante de la mère ce que j'ai trouvé dommage - mais bien évidemment comme je l'ai dit, j'ai été influencé par la série. 

Pareil pour Pope qui est bien plus contrasté dans la série que dans le film où il est clairement complètement barge. Je préfère son personnage dans la série simplement parce qu'il est moins antipathique, il est même attachant sous certains aspects - notamment par rapport à sa relation avec Catherine. Ou encore Darren qui est un personnage à part entière dans la série tandis qu'il est franchement inutile dans le film. 

Il me reste encore trois épisodes avant de la fin de cette saison - ce qui me fait penser que j'aimerais bien qu'elle soit renouvelée quand même ! - encore beaucoup d'interrogations notamment sur le passé, j'aimerais en apprendre plus sur Laura, sur Baz aussi, sur tous les personnages en fait. Peut-être que ma demande sera réalisée puisque déjà l'épisode 6 & 7 nous donnent à voir sur le passé de Smurf qui est des plus intéressant ! 

Si vous ne l'avez pas encore compris, j'ai aimé le film Animal Kingdom et j'adore la série qui fait partie de mes meilleures découvertes de cet été 2016 ! 



Avez-vous déjà vu le film ou la série ? 






vendredi 22 juillet 2016

Le Coin des libraires - #25 Celui qui ne m'accompagnait pas de Maurice Blanchot

Récemment j'ai lu le livre Celui qui ne m'accompagnait pas de Maurice Blanchot, paru en 1953. Grand personnage que cet auteur à la renommée plus que discutable. Pour dire la vérité, je ne le connaissais pas du tout avant de lire ce livre et, comment s'est-il trouvé en ma possession ? Je l'ai acheté pour une raison qui m'est toujours obscure. 


"Je pris, aussi, peur des mots et j’en écrivis de moins en moins, bien que la pression exercée au-dedans de moi pour m’en faire écrire devînt rapidement vertigineuse. Je parle de peur, mais c’était un sentiment tout différent, une sorte d’usure de l’avenir, l’impression que j’en avais déjà dit plus qu’il ne m’était possible, que je m’étais devancé de telle sorte que la possibilité la plus future était là, un avenir que je ne pouvais plus dépasser."
Maurice Blanchot, Celui qui ne m'accompagnait pas.


Résumé édition L'imaginaire Gallimard 

« Que va-t-il donc arriver ? Ai-je vraiment eu ce désir de me dérober, de me décharger sur quelqu'un d'autre ? plutôt de dérober en moi l'inconnu, de ne pas le troubler, d'effacer ses pas pour que ce qu'il a accompli s'accomplisse sans laisser de reste, en sorte que cela ne s'accomplit pas pour moi qui demeure au bord, en dehors de l'événement, lequel passe sans doute avec l'éclat, le bruit et la dignité de la foudre, sans que je puisse faire plus qu'en perpétuer l'approche, en surprendre l'indécision, la maintenir, m'y maintenir sans céder. Était-ce autrefois, là où je vivais et travaillais, dans la petite chambre en forme de guérite, en cet endroit où déjà, comme disparu, loin de me sentir déchargé de moi, j'avais au contraire le devoir de protéger cette disparition, de persévérer en elle pour la pousser plus loin, toujours plus loin ? N'était-ce pas là-bas, dans l'extrême détresse qui n'est même pas celle de quelqu'un, que m'avait été offert le droit de parler de moi à la troisième personne ? »

Comme je le disais, c'est la première fois que je lisais le nom de Maurice Blanchot, mais comme je suis intrépide (haha) bah forcément, je l'ai lu pour voir ce que Celui qui ne m'accompagnait pas refermait. 

Même encore maintenant, je ne peux dire que je ne sais pas comment j'ai trouvé ma lecture. Je l'ai commencé un peu au hasard, parce que j'allais avoir quasiment deux heures de bus et qu'il me fallait de la lecture - j'avais déjà commencé La force de l'âge de Simone de Beauvoir mais vu le pavé, il prenait un peu trop de place, alors j'ai pris un livre pas trop long sans même réfléchir. 

Celui qui ne m'accompagnait pas de Maurice Blanchot, édition l'Imaginaire Gallimard


Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, c'est l'auteur qui parle de lui, de son "moi" intérieur et qui converse avec. J'ai trouvé que c'était une très bonne idée, forcément quand il s'agit de psychologie, ça m'intéresse - bref. Il parle également de la littérature, enfin du travail d'écriture plus précisément, chose que j'ai aussi bien aimé. Seulement, le fait qu'il n'y ait pas d'histoire, que le texte soit juste un bloc d'un peu moins de 200 pages avec aucun découpage, simplement ses propres divagations, bah, faut le dire ça m'a un peu ennuyé. Enfin, ennuyer n'est pas le terme exact, je dirais plutôt que ça m'a embêté. J'ai trouvé le début très intéressant, je suis directement "entrée" dedans - si c'est possible pour ce genre d'œuvre - mais fatalement, j'ai décroché. 

C'est un texte que j'ai trouvé dur à lire, je m'y suis reprise à deux fois pour certains passages d'ailleurs. Cette œuvre fait partie de celles où il faut être concentré pour les lire, fin si on tourne les yeux rien que trente secondes pour regarder qu'est-ce qu'est la notification qu'on vient de recevoir sur son téléphone, c'est foutu !
Ça n'est pas ce qu'il m'est arrivé, non, je crois même que c'était pire dans mon cas parce qu'en fait, je me suis retrouvé à la page 85 à me dire "mais qu'est-ce qu'il raconte au juste ? j'ai raté quelque chose ??" Et puis il y a carrément des passages où je me suis demandée à quoi il servait, je crois que je n'ai juste pas trop compris - je pense par exemple à tout ce moment où il parle de la cuisine, du fait qu'il a soif. 

Néanmoins je me suis motivée et j'ai été jusqu'au bout, heureusement qu'il faisait même pas deux cents pages parce que sinon je ne suis pas sûre que j'en serais venue à bout aussi facilement ! 
La démarche est vraiment intéressante, mais c'est un peu trop lourd, le style est vraiment très fatiguant ce qui nuit à la compréhension de l'œuvre - je parle pour moi hein - et donc je n'ai pas été passionné comme je pensais que je le serais. 
J'ai un peu le sentiment d'être passé à côté, de ne pas avoir tout compris et c'est assez agaçant quand j'y repense alors, peut-être que je le relirai un jour, plus tard, quand mon expérience de lectrice aura encore évolué et que je me sentirai suffisamment "mûre" pour m'y replonger. 

"Je ne le guette pas, mais le sentiment que je l’attire plus qu’il ne m’attire, que, par mon entremise, s’exerce une puissance qui déjà l’amène aux frontières de ce monde, c’est là comme la racine du mot oubli, la source du trouble, que je ne puis maîtriser, car c’est un sentiment troublant, il dissimule en lui une tentation difficile à vaincre, où je risque sans cesse de me montrer fort contre moi-même."
Maurice Blanchot, Celui qui ne m'accompagnait pas.

En attendant, j'ai continué ma lecture de La force de l'âge que je n'ai pas encore du tout terminé, mais je vous en reparle bientôt, enfin, le plus vite possible ! 









mardi 19 juillet 2016

Série du moment - #9 Orange is the New Black (saison 4)

Bon, j'avoue, c'est avec un grand retard que je reviens vers vous aujourd'hui pour vous parler de mon avis sur la saison 4 d'Orange is the New Black.
Ça fait maintenant plusieurs jours que je l'ai terminé, comme toujours, je l'ai patiemment attendu et je dois dire que bah, j'ai été un peu déçue. 

J'ai commencé la série juste avant le début de la saison 2, j'ai bouffé la première saison en deux jours, idem pour la deuxième (d'ailleurs vous pouvez retrouver mon avis ici) et puis bah, j'ai sagement attendu la troisième qui était franchement pas mal. OITNB est la première série Netflix que j'ai regardée, et adorée, ce qui m'a donné confiance en la plateforme et aussi donné envie de découvrir d'autres séries Netflix qui se sont trouvées être à la hauteur - notamment Marvel's Dardevil, Sense8, Narcos ou Love plus récemment. 

Forcément, quand tous les épisodes d'une série sortent en même temps c'est cool, parce qu'on n'a pas à attendre chaque semaine, mais c'est aussi chiant il faut bien le dire parce qu'une fois qu'on a tout vu, et ben on attend, encore et encore jusqu'à l'année suivante et c'est souvent très long. OITNB est ce genre de série, on passe plus de temps à attendre qu'à regarder, mais c'est pas grave, on se dit que ça vaut le coup ! Oui, mais après un an, les attentes sont parfois démesurées et c'est là qu'elle se tire une balle dans le pied. 

J'ai vu la saison 4 en une semaine, j'ai espacé les épisodes pour deux raisons, tout d'abord parce que je n'avais pas envie de me jeter dessus comme je le fais d'habitude et de me dire ensuite "bah voilà, à l'année pro tout le monde !", mais aussi parce que j'ai été bien moins emporté. Je me revois regarder un épisode et à la fin me demander si j'avais vraiment envie d'en voir un autre ou si je préférais regarder autre chose, ce qui n'était pas arrivé pour les saisons précédentes. En fait, avant je m'en moquais d'avoir fini les épisodes en un temps record parce que j'étais seulement trop impatiente de voir la suite et là, la magie n'a pas opéré, du moins pas de la même façon. 

On retrouve toujours ce beau petit monde, ces personnages haut en couleur et avec une vraie profondeur, une véritable identité. On retrouve les détenues et les gardiens, Caputo, Healy et d'autres personnages, les petits nouveaux comme Piscatela le chef des gardiens. Le premier épisode nous ramène à la fin de la saison 3, il n'y a aucune coupure temporelle, on se retrouve là où on est resté.



Sans raconter tout ce qu'il se passe bien évidemment, je dirais que le plus gros point négatif a été le personnage de Piper qui, quand même est le personnage principal, enfin c'est avec elle que tout commence, c'est l'histoire de Piper Kerman qui a été adapté initialement et franchement, ouais, désolée pour le terme mais elle m'a carrément saoulé - voilà, c'est dit
Du début à la fin de cette saison j'avais envie de la claquer, définitivement elle est juste insupportable et c'est sans doute pour cette raison que l'un des moments que j'ai préféré a été quand elle se fait brûler - j'ai littéralement jubilé, même si ce n'est pas très gentil. 
Toutes les scènes avec elle m'ont ennuyée, je trouve son personnage insipide et plat, ce qui est quand même étonnant quand on voit les autres personnages ! Toute la force de la série repose quand même sur les comportements des détenues, sur leur façon de vivre en communauté dans une prison pour femme qui en plus se retrouve sur-peuplé après la privatisation de Litchfield. 

En revanche, cet aspect-là est vraiment intéressant parce qu'énormément de choses vont changer, de nouveau gardien vont arriver ce qui va relancer les relations détenues/gardiens après le départ d'abord de Pornstache puis de l'ex-copain de Daya (impossible de me souvenir de son nom). Ces nouveaux personnages vont permettre des scènes vraiment intéressantes comme la bagarre entre Crazy Eyes et celle que j'aime appeler "la barge" faute de me souvenir de son nom. 

En y réfléchissant bien, ce qui m'a le moins intéressé a été les moments dans la prison, toute l'intrigue avec Alex, Red et Lolly m'a un peu ennuyé, j'ai trouvé que ça tournait un peu en rond, que les scénaristes ont voulu meubler jusqu'aux deux-trois derniers épisodes qui eux, sont vraiment bien. 
La révolte est lente à se mettre en place et il faut vraiment attendre la fin de la saison pour la voir poindre le bout de son nez ce qui est dommage quand on attend un an pour seulement treize épisodes, alors devoir en plus attendre de voir les dix premiers épisodes pour que ça devienne dingue, c'est vraiment hyper frustrant ! 

Certains épisodes se démarquent des autres, je pense à l'épisode sur Healy que j'ai trouvé vraiment, vraiment bien. Je ne sais pas pourquoi mais depuis le début, j'aime bien son personnage, il me fait de la peine et je le trouve vraiment triste - touchant ? - alors avoir un épisode sur son passé, c'est ce qu'il fallait pour me plaire. Vient s'ajouter à ça sa relation avec Lolly qui est plus que déchirante et vraiment belle quand on sait à quel point il a souffert par rapport à ce genre de maladie. Ces deux personnages ont remonté le tout, ils m'ont permis de ne pas regretter la saison 4 du début à la fin mais plutôt d'y voir des contrastes. D'autres épisodes valent le coup pour les flash-back comme ceux de Suzanne (Crazy Eyes), Maria ou encore Lolly qui je crois, est mon personnage favori de cette saison. Une fois encore les scénaristes savent parler du passé de leur personnage ce qui est un gros point fort, - surtout que je suis le genre à adorer les flash-back.

Je ne dirais rien sur la fin de la saison, je ne veux pas prendre le risque de spoiler ceux qui n'auraient pas encore eu le temps ou l'opportunité ou je ne sais quelle raison de la voir. Je dirais simplement que je ne voulais pas y croire, que c'est tellement dramatique que ça paraît irréel mais pourtant non, ça ne l'est pas et je suis pressée de voir ce qu'on prévu les scénaristes pour la saison 5, pour l'année prochaine. 


Globalement, la saison est pour moi en dessous des autres, j'ai eu le sentiment qu'elle s'essoufflait ce que je n'espère pas ! je reste néanmoins une fidèle admiratrice de la série qui est comme aucune autre, qui a le mérite d'être originale. J'espère simplement que la saison prochaine saura être aussi bien ficelée que les trois premières et que celle-ci ne sera qu'une passade vers quelque chose de meilleur. 



Avez-vous déjà vu la saison 4 d'Orange is the New Black ? Qu'en avez-vous pensé ? 





vendredi 15 juillet 2016

Le Coin des libraires - #24 Sa Majesté des mouches de William Golding

Je vous retrouve aujourd'hui pour vous parler d'un classique de la littérature anglaise qui a été un vrai coup de cœur pour moi : Sa Majesté des mouches de William Golding
Voilà longtemps qu'il se trouvait dans ma pile à lire, qui d'ailleurs ne cesse de s'accroître au fil du temps - je suis à quelque chose comme 95 livres à lire je crois bien ! - et je me suis enfin décidée à le commencer, comme quoi, j'ai bien fait !


Mon édition Folio fait partie d'un coffret que la maison d'édition a sorti pour leurs 40 ans, il existe trois coffrets différents il me semble et j'ai reçu le "Tome 1" (qui me plaisait le plus) pour mon anniversaire l'an dernier. Chaque coffret est composé de trois livres, dans le mien, il y a Gatsby le magnifique de Fitzgerald, Sa Majesté des mouches de Golding et enfin Paris est une fête d'Hemingway et tout ça avec une jolie couverture à chaque fois - vous l'avez probablement vue si vous me suivez sur Instagram !
Je crois que les coffrets sont d'ailleurs toujours trouvables, je vous mettrai tous les liens à la fin de l'article !
Également, ce n'est pas la même édition que celle désormais vendue chez Folio et je ne sais pas si la préface a changé ou non - la mienne a été écrite par Stephen King !

"C’est alors que, marchant au bord de l’eau, il eut une révélation soudaine. Il comprit tout à coup le caractère fastidieux de la vie où tout sentier représente l’imprévu et dont une part importante se passe à surveiller ses pas."
William Golding, Sa Majesté des mouches.

Résumé édition Folio :

Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte montagneuse, où poussent des arbres tropicaux et gîtent des animaux sauvages. L'aventure apparaît d'abord aux enfants comme de merveilleuses vacances. On peut se nourrir de fruits, se baigner, jouer à Robinson. 
Mais il faut s'organiser. Suivant les meilleures traditions des collèges anglais, on élit un chef. C'est Ralph, qui s'entoure de Porcinet, «l'intellectuel» un peu ridicule, et de Simon. 
Mais bientôt un rival de Ralph se porte à la tête d'une bande rivale, et la bagarre entre les deux bandes devient rapidement si grave que Simon et Porcinet sont tués. Ralph échappe de justesse, sauvé par l'arrivée des adultes. 
Ce roman remarquable a un sens allégorique qu'il n'est pas difficile de comprendre : c'est l'aventure des sociétés humaines qui est tragiquement mise en scène par les enfants. Mais l'œuvre vaut avant tout par la description de leur comportement et par l'atmosphère de joie, de mystère et d'effroi qui la baigne.



BON ! Il est grand temps d'entrer dans le vif du sujet, à savoir, ce que j'ai pensé du bouquin ! Tout d'abord, je dois dire que j'ai aimé le côté Robinson - que je n'ai toujours pas lu... - de l'œuvre, le fait que ce soit exclusivement des enfants perdus sur une île déserte donne une dimension différente de ce qu'on voit d'ordinaire. J'ai aimé l'idée du microcosme que sont l'île et les enfants, le fait qu'il y ait en quelque sorte deux mondes : celui de la réflexion et celui de la sauvagerie. Jack se fait respecter parce qu'il use de violence, il fait circuler la peur, Ralph, de son côté essaie d'être plus réfléchi, plus sage, ce qui l'empêche de s'imposer durablement en tant que leader. Le monde est régi par la peur comme le montre si bien les jumeaux Erik-et-Sam qui sont forcés de rejoindre le camp adverse et qui n'hésiteront pas à balancer Ralph, en toute connaissance de cause.


Toute la dramaturgie et donc l'attention du lecteur est tournée vers les "grands", l'auteur nous parle très peu des petits excepté pour décrire leur oisiveté, leur inutilité. L'histoire est principalement portée par deux-trois personnages, tout d'abord Jack et Ralph, mais aussi Porcinet qui pour moi, doit être mis sur la même échelle que les deux premiers parce qu'il est complémentaire à Ralph. Celui-ci est en quelque sorte la Raison et Porcinet est l'Intelligence/Savoir, ils sont indissociables durant tout le récit - jusqu'à ce moment fatidique...

Les autres personnages sont très rapidement dessinés, on nous parle également des jumeaux, mais aussi de Roger et du pauvre Simon, c'est tout. Celui que j'ai préféré est Porcinet contre toute attente. Bien qu'il doive être le personnage le plus stéréotypé de tous, j'ai trouvé qu'il était le plus attachant au point où ça m'a littéralement arraché le cœur quand d'une ligne sur l'autre, il meurt. Le fait que ça arrive d'un coup renforce l'horreur du geste j'ai trouvé, un peu comme pour la mort de Simon qui est l'exemple type d'agissements barbares avec en plus l'idée du rituel qu'est la danse ou encore le sacrifice de Sa Majesté des mouches.


J'ai littéralement adoré, je pense qu'il fait partie des lectures que j'ai le plus aimées et je le relirai sans hésiter, mais il n'est pas parfait non plus. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, le début a été plutôt chaotique pour moi, j'étais là à me demander pourquoi il n'y avait aucun adulte, quelle en était la raison. J'ai aussi trouvé que les personnages n'avaient pas de réelles profondeurs, on ne sait rien sur eux au final - bon excepté Porcinet avec sa tante et Ralph avec son père dans la Marine - ce qui rend l'identification assez difficile.
Je suis vraiment rentrée dedans au moment où Simon "rencontre" la tête du cochon sur le piquet, pile à cet endroit l'histoire a commencé à devenir vraiment dingue au point que j'ai terminé l'œuvre dans la foulée, je ne pouvais plus décrocher jusqu'au fin mot de l'histoire.
Les derniers chapitres sont vraiment excellents, la tension est vraiment présente et on se prend à avoir peur pour Ralph après avoir vu ce que ces enfants sont prêts à faire : qu'ils sont prêts à tuer.
Et puis, je n'ai pas vu la fin venir, j'étais si persuadée qu'ils allaient rester sur l'île pour toujours, que la sauvagerie allait triompher que j'ai été prise de cours dans les dernières pages - ce qui n'a pas été pour me déplaire !


Comme j'ai pu le voir à plusieurs reprises, beaucoup pensent que Sa Majesté des mouches ne devrait pas figurer parmi la littérature jeunesse, qu'il n'est pas un livre destiné aux enfants et là-dessus, je suis assez d'accord. C'est une histoire d'enfants c'est vrai, mais c'est également une histoire dure, où il y a des morts et je pense qu'il faut savoir dans quoi on s'embarque avant de le lire et ce, à n'importe quel âge.



  • Du livre à l'écran


Après avoir terminé le livre, j'ai eu très envie de regarder l'adaptation que Peter Brook a réalisée en 1963. Relativement bien reçu, Sa majesté des mouches a été nominé à Cannes l'année de sa sortie - il n'a pas reçu le prix puisque c'est Le Guépard de Visconti qui a été récompensé.
Trépignant d'impatience, je me lance, le film commence, il y a en pour 1h30, quelque chose comme ça.
En venant au bout, j'ai été un peu déçue, je m'attendais à mieux. Non pas que le film soit mauvais parce qu'il ne l'est pas, mais il n'est pas unique non plus. Il n'a aucune identité qui lui est propre, il est seulement l'adaptation de Sa Majesté des mouches de William Golding, voilà tout. Tout ce que j'ai vu était ce que j'imaginais lors de ma lecture, les personnages, la trame, Brook a tout repris, mais pas pour le mettre à sa sauce, simplement pour le retranscrire, littéralement.
Le scénario ? il n'y en a pas puisque c'est le roman en lui-même - on remarquera d'ailleurs les dialogues directement repris du livre.
Le jeu des acteurs ? il n'y en a pas non plus, Brook a sans doute préféré prendre une bande d'enfants sans aucune expérience pour avoir un rendu "réel" mais le truc, c'est que des fois, on sent bien que c'est forcé, que ça ne fait pas vrai - enfin, c'est mon point de vue.

Attention, j'ai passé un bon moment devant ce film c'est indéniable, mais je m'attendais à tellement mieux, à quelque chose de tellement plus énorme qu'au final j'ai été déçu. Le fait qu'il n'y ait aucune digression par rapport à l'œuvre est en soi une bonne chose, mais quand je regarde une adaptation, je veux pouvoir y trouver la pâte de l'auteur de l'œuvre initiale et celle du réalisateur, sa propre vision, donc quelque chose de personnel.
Là, malheureusement, je n'ai rien trouvé de personnel dans le film, je n'ai pas eu l'impression que Brook s'était approprié l'œuvre, plutôt que c'était une captation du roman et rien d'autre, ce qui est dommage.



"Pour la première fois depuis leur arrivée dans l’île, il s’abandonnait au chagrin et des spasmes déchirants le secouaient des pieds à la tête. Il exhalait son désarroi sous la nappe de fumée noire qui recouvrait les ruines fumantes de l’île. Pris de contagion, les autres petits garçons commencèrent à trembler et à sangloter. Au milieu d’eux, couvert de crasse, la chevelure emmêlée et le nez sale, Ralph pleurait sur la fin de l’innocence, la noirceur du cœur humain et la chute dans l’espace de cet ami fidèle et avisé qu’on appelait Porcinet."
William Golding, Sa Majesté des mouches.



Avez-vous déjà lu Sa Majesté des mouches de Golding ? ou vu le film de Peter Brook ?




Pour l'acheter : 






mardi 5 juillet 2016

Bilan - #1 Juin 2016

Un nouvel article un peu différent de d'habitude - ouais, j'essaie d'innover, faire de nouvelles choses, etc. Le mois dernier, vous avez eu droit à un article "condensé" de mes lectures du mois de mai, ce mois-ci, j'ai décidé de faire un peu la même chose tout en ajoutant les articles que j'ai écrits lors du mois de juin. 

Là, j'ai décidé de parler de deux livres que j'ai lu en juin et dont je n'ai pas encore donné mon avis, il s'agit de Le Chevalier de Maison-Rouge d'Alexandre Dumas & Enfance de Nathalie Sarraute  - d'ailleurs, si vous me suivez sur Instagram vous avez certainement vu ces deux lectures. 

  • Le Chevalier de Maison-Rouge d'Alexandre Dumas (1845) 



Pas de résumé pour celui-ci simplement parce que je n'en ai pas sur mon édition et qu'après de nombreuses recherches, il m'a été impossible de trouver une édition qui se rapproche de la mienne - tout ce que j'ai trouvé a été celle de Folio classique qui fait pas moins de 600 pages, contre un peu moins de 200 pour la mienne donc j'avoue, ça m'étonnerait que ce soit la même histoire, ou alors Gallimard a décidé de mettre d'autres récits dans son édition, mais évidemment, ça n'est pas précisé. 


Pour dire les choses rapidement, c'est l'histoire de Maurice Lindey, en 1793, en France - donc sous la Révolution française - qui va tomber amoureux d'une jeune femme, Geneviève. À côté de ça, c'est aussi et surtout les derniers mois de vie de Marie-Antoinette et les tentatives du fameux Chevalier de Maison-Rouge pour la faire libérer. 
J'appréhendais un peu ma lecture quand je l'ai commencé, tout d'abord parce que j'avais peur que ce soit trop politique pour moi - ouais, la politique fait partie des sujets qui m'ennuie profondément - j'avais également peur que ce soit trop manichéen du genre "tous les royalistes à la guillotine !" et en fait bah pas du tout ! 

J'ai été assez surprise de voir que l'auteur a très bien su doser ses personnages, qu'aucun n'est tout noir ou tout blanc, mais plutôt gris. Même pour Marie-Antoinette, je pensais qu'elle serait vraiment dépeinte comme le pire personnage existant sur terre - ah oui, parce que je ne l'ai pas dit mais lorsque le récit débute, Louis XVI est déjà passé à la guillotine donc on ne parle plus de lui. 
L'intrigue comme les personnages est contrastée ce qui permet un point de vue relativement juste, j'ai trouvé. Pour le personnage de Marie-Antoinette par exemple, certains personnages la haïssent, elle est Madame Véto, celle qui a mené la France à sa perte, mais pour d'autres, elle est aussi cette mère effrayée pour ses enfants, cette femme qui a fait n'importe quoi certes, mais qui ne mérite pas pour autant d'être mal traité. 
Le fait que les points de vue soient vraiment différents permet de voir les choses autrement, clairement ça m'aurait vraiment saoulé si pendant 200 pages j'avais été obligé de lire un manifeste pro Révolution française du genre "ouais vive la guillotine, c'est trop cooooool" ! Le dosage entre l'histoire et la fiction est lui aussi bien réalisé, on en apprend un peu plus sur les rivalités entre révolutionnaires : jacobins/girondins ce qui, là aussi est intéressant parce que Dumas ne s'impose pas en nous disant "ouais alors eux ce sont les gentils et puis euh bah, ce sont les méchants". 
Le fait que le point de vue de l'auteur soit extérieur, qu'il nous présente son histoire dans l'Histoire sans pour autant nous donner son avis ou nous dire quoi croire et tout ce qui fait la force du récit d'après moi. 

Le texte en lui-même est assez léger parce que Dumas s'est surtout concentré sur l'intrigue amoureuse plus que sur l'intrigue historique. Je pensais que nous allions suivre le Chevalier de Maison-Rouge alors que non, Lindey est un révolutionnaire, il n'est pas un royaliste et comme c'est son personnage que l'on suit, ce qui compte surtout, c'est son amour pour Geneviève. D'ailleurs, pour ce qui est de leur histoire d'amour, je n'ai pas grand chose à en dire si ce n'est qu'elle est plutôt basique, bien écrite. Et puis, tout est bien qui finis bien - excepté Marie-Antoinette qui se fait guillotiner mais bon, on ne peut pas non plus demander à changer l'Histoire. 


Je dirais que ma lecture m'a bien plu, que j'ai aimé l'histoire en elle-même et les dessins qui l'accompagnait. C'est seulement le deuxième livre de Dumas père que je lis, après La Reine Margot que j'ai dévorée (et adoré) il y a plusieurs années maintenant et que je ne peux que conseiller. 


"- Moi, j’ai des raisons d’être triste ; je suis malheureux. Ne vous apercevez-vous point que je souffre ? Il m’arrive, quand je cause avec vous, d’être forcé d’aller demander de l’air au ciel, parce qu’il me semble que ma poitrine va se briser.
- À quoi attribuez-vous cette souffrance ?
- À ce que je ne sais point me faire aimer."

Alexandre Dumas, Le Chevalier de Maison-Rouge.

N.B. Mon livre est de l'édition G.P. (collection Souveraine) qui a été racheté en 1961 par le groupe Presses de la cité. Bien évidemment elle a disparu depuis, ce que je trouve dommage parce qu'il n'en existe plus désormais, des éditions comme celle-ci. 



  • Enfance de Nathalie Sarraute (1983) 




Ce livre est écrit sous la forme d'un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir «quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs [...] ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance». Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Saint-Pétersbourg et de nouveau Paris.

Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une œuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

J'ai acheté ce livre sur les conseils d'un libraire quand j'étais à la recherche d'œuvre de Simone de Beauvoir. Ayant littéralement adoré Mémoires d'une jeune fille rangée - énorme, énorme coup de cœur même ! - je m'étais dit qu'il n'y avait aucune raison pour que Nathalie Sarraute ne me plaise pas, en particulier son livre autobiographique Enfance.
Ce que j'ai trouvé remarquable, c'est que l'auteur a rédigé ces fragments à l'âge de 83 ans, comme quoi, il n'est jamais trop tard pour se souvenir. C'est justement intéressant d'avoir un texte fragmenté, parce que quand il s'agit de souvenirs, généralement ce n'est jamais linéaire, on se souvient de quelques bribes et détails, mais jamais du souvenir dans son intégralité, encore moins quand on l'écrit 75 ans plus tard, j'imagine et c'est véritablement ce qui donne de la force à ses écrits. On découvre une petite enfant russe qui, balloté entre sa mère et son père se retrouve entre la Russie et la France principalement, mais qui, - j'en ai eu l'impression en tout cas - s'est toujours sentie chez elle à Paris. 

Ce que j'ai aimé, c'est la sincérité dans le récit, l'auteure parle franchement de ses souvenirs dans un dialogue entre deux parties d'elle-même, sa face que j'appellerais "naïve" qui est l'enfant, et l'autre, celle qui a raisonné et grandit. De cette façon l'une des deux voix met toujours l'accent sur une chose en particulier, sur l'interprétation d'une action d'autrui, sur ses sentiments aussi ce qui rend le récit vraiment personnel. Sincère également parce qu'elle ne s'encombre pas, elle n'écrit pas pour combler les blancs, elle se souvient ou elle ne se souvient pas et quand c'est le cas, elle le dit ce qui est agréable, on n'a pas à se poser la question de savoir si on est mené en bateau. La naïveté de l'enfance est elle aussi bel et bien présente avec notamment ce passage où elle demande carrément à sa belle-mère si celle-ci la déteste.

Globalement, ma lecture m'a plu, j'ai pris du plaisir avec ce livre, c'était cool, sans être extraordinaire non plus. Le fait qu'elle ne parle que de ses 10 premières années - la période correspondant à l'enfance comme l'indique le titre - amène certains sujets assez ennuyeux, du moins pour moi - je pense par exemple aux moments où elle parle de l'école, l'importance que l'école française a eue sur elle et à quel point ça a compté dans sa vie. Toute cette partie là m'a un peu ennuyé parce que je n'ai pas du tout le même ressenti qu'elle sur la chose donc je ne me sentais pas très concerné. En revanche, les passages où elle parle de sa famille sont vraiment intéressants parce qu'on peut en apprendre plus sur la mentalité des gens à cette époque, sur son père qui ne supportait pas de parler d'amour ou de toute autre sentiment fort (comme le dégoût) ou encore sa mère qui, va savoir pourquoi décide de laisser sa fille chez son père pendant trois ans, comme ça, genre "tiens, je vais me prendre des vacances pendant trois ans, ma fille ne sera pas dans mes pattes".
Alors je m'attendais à mieux parce que j'ai énormément aimé Simone de Beauvoir comme je l'ai dit plus haut et pour le coup, bah Nathalie Sarraute n'est pas arrivée à la hauteur malgré la sincérité, malgré la forme du récit. J'ai un peu moins accroché parce que je me suis bien moins identifié, tout est question de ressenti.

Mais ce n'est pas pour autant que je ne compte plus rien lire de cette auteure qui m'intrigue, définitivement je vais lire d'autres de ses livres et pourquoi pas du théâtre cette fois, Le Silence ou encore Le Mensonge.


"et à ce moment-là, c’est venu… quelque chose d’unique… qui ne reviendra plus jamais de cette façon, une sensation d’une telle violence qu’encore maintenant, après tant de temps écoulé, quand, amoindrie, en partie effacée elle me revient, j’éprouve… mais quoi ? quel mot peut s’en saisir ? pas le mot à tout dire « bonheur », qui se présente le premier, non, pas lui… « félicité », « exaltation », sont trop laids, qu’ils n’y touchent pas… et « extase »… comme devant ce mot ce qui est là se rétracte… « Joie », oui peut-être… ce petit mot modeste, tout simple, peut effleurer sans grand danger… mais il n’est pas capable de recueillir ce qui m’emplit, me déborde, s’épand, va se perdre, se fondre […]"
Nathalie Sarraute, Enfance. 


Pour l'acheter : Folio site



  • Cinéma/série en juin :

L'Avenue du cinéma - #21 Elle de Paul Verhoeven (+ sur Oh... de Philippe Djian
Série du moment - #8 American Crime Story 


  • Livre : 

Le Coin des libraires - #22 Barcelona de Daniel Sanchez Pardos
Le Coin des libraires - #23 La Princesse des glaces de Camilla Läckberg
Le Coin des libraires - #24 Sa Majesté des mouches de William Golding 



Lectures du mois de juin





Et bientôt un nouvel article sur Sa Majesté des mouches de William Golding (et son adaptation cinématographique) ! 












Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...