vendredi 15 juillet 2016

Le Coin des libraires - #24 Sa Majesté des mouches de William Golding

Je vous retrouve aujourd'hui pour vous parler d'un classique de la littérature anglaise qui a été un vrai coup de cœur pour moi : Sa Majesté des mouches de William Golding
Voilà longtemps qu'il se trouvait dans ma pile à lire, qui d'ailleurs ne cesse de s'accroître au fil du temps - je suis à quelque chose comme 95 livres à lire je crois bien ! - et je me suis enfin décidée à le commencer, comme quoi, j'ai bien fait !


Mon édition Folio fait partie d'un coffret que la maison d'édition a sorti pour leurs 40 ans, il existe trois coffrets différents il me semble et j'ai reçu le "Tome 1" (qui me plaisait le plus) pour mon anniversaire l'an dernier. Chaque coffret est composé de trois livres, dans le mien, il y a Gatsby le magnifique de Fitzgerald, Sa Majesté des mouches de Golding et enfin Paris est une fête d'Hemingway et tout ça avec une jolie couverture à chaque fois - vous l'avez probablement vue si vous me suivez sur Instagram !
Je crois que les coffrets sont d'ailleurs toujours trouvables, je vous mettrai tous les liens à la fin de l'article !
Également, ce n'est pas la même édition que celle désormais vendue chez Folio et je ne sais pas si la préface a changé ou non - la mienne a été écrite par Stephen King !

"C’est alors que, marchant au bord de l’eau, il eut une révélation soudaine. Il comprit tout à coup le caractère fastidieux de la vie où tout sentier représente l’imprévu et dont une part importante se passe à surveiller ses pas."
William Golding, Sa Majesté des mouches.

Résumé édition Folio :

Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte montagneuse, où poussent des arbres tropicaux et gîtent des animaux sauvages. L'aventure apparaît d'abord aux enfants comme de merveilleuses vacances. On peut se nourrir de fruits, se baigner, jouer à Robinson. 
Mais il faut s'organiser. Suivant les meilleures traditions des collèges anglais, on élit un chef. C'est Ralph, qui s'entoure de Porcinet, «l'intellectuel» un peu ridicule, et de Simon. 
Mais bientôt un rival de Ralph se porte à la tête d'une bande rivale, et la bagarre entre les deux bandes devient rapidement si grave que Simon et Porcinet sont tués. Ralph échappe de justesse, sauvé par l'arrivée des adultes. 
Ce roman remarquable a un sens allégorique qu'il n'est pas difficile de comprendre : c'est l'aventure des sociétés humaines qui est tragiquement mise en scène par les enfants. Mais l'œuvre vaut avant tout par la description de leur comportement et par l'atmosphère de joie, de mystère et d'effroi qui la baigne.



BON ! Il est grand temps d'entrer dans le vif du sujet, à savoir, ce que j'ai pensé du bouquin ! Tout d'abord, je dois dire que j'ai aimé le côté Robinson - que je n'ai toujours pas lu... - de l'œuvre, le fait que ce soit exclusivement des enfants perdus sur une île déserte donne une dimension différente de ce qu'on voit d'ordinaire. J'ai aimé l'idée du microcosme que sont l'île et les enfants, le fait qu'il y ait en quelque sorte deux mondes : celui de la réflexion et celui de la sauvagerie. Jack se fait respecter parce qu'il use de violence, il fait circuler la peur, Ralph, de son côté essaie d'être plus réfléchi, plus sage, ce qui l'empêche de s'imposer durablement en tant que leader. Le monde est régi par la peur comme le montre si bien les jumeaux Erik-et-Sam qui sont forcés de rejoindre le camp adverse et qui n'hésiteront pas à balancer Ralph, en toute connaissance de cause.


Toute la dramaturgie et donc l'attention du lecteur est tournée vers les "grands", l'auteur nous parle très peu des petits excepté pour décrire leur oisiveté, leur inutilité. L'histoire est principalement portée par deux-trois personnages, tout d'abord Jack et Ralph, mais aussi Porcinet qui pour moi, doit être mis sur la même échelle que les deux premiers parce qu'il est complémentaire à Ralph. Celui-ci est en quelque sorte la Raison et Porcinet est l'Intelligence/Savoir, ils sont indissociables durant tout le récit - jusqu'à ce moment fatidique...

Les autres personnages sont très rapidement dessinés, on nous parle également des jumeaux, mais aussi de Roger et du pauvre Simon, c'est tout. Celui que j'ai préféré est Porcinet contre toute attente. Bien qu'il doive être le personnage le plus stéréotypé de tous, j'ai trouvé qu'il était le plus attachant au point où ça m'a littéralement arraché le cœur quand d'une ligne sur l'autre, il meurt. Le fait que ça arrive d'un coup renforce l'horreur du geste j'ai trouvé, un peu comme pour la mort de Simon qui est l'exemple type d'agissements barbares avec en plus l'idée du rituel qu'est la danse ou encore le sacrifice de Sa Majesté des mouches.


J'ai littéralement adoré, je pense qu'il fait partie des lectures que j'ai le plus aimées et je le relirai sans hésiter, mais il n'est pas parfait non plus. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, le début a été plutôt chaotique pour moi, j'étais là à me demander pourquoi il n'y avait aucun adulte, quelle en était la raison. J'ai aussi trouvé que les personnages n'avaient pas de réelles profondeurs, on ne sait rien sur eux au final - bon excepté Porcinet avec sa tante et Ralph avec son père dans la Marine - ce qui rend l'identification assez difficile.
Je suis vraiment rentrée dedans au moment où Simon "rencontre" la tête du cochon sur le piquet, pile à cet endroit l'histoire a commencé à devenir vraiment dingue au point que j'ai terminé l'œuvre dans la foulée, je ne pouvais plus décrocher jusqu'au fin mot de l'histoire.
Les derniers chapitres sont vraiment excellents, la tension est vraiment présente et on se prend à avoir peur pour Ralph après avoir vu ce que ces enfants sont prêts à faire : qu'ils sont prêts à tuer.
Et puis, je n'ai pas vu la fin venir, j'étais si persuadée qu'ils allaient rester sur l'île pour toujours, que la sauvagerie allait triompher que j'ai été prise de cours dans les dernières pages - ce qui n'a pas été pour me déplaire !


Comme j'ai pu le voir à plusieurs reprises, beaucoup pensent que Sa Majesté des mouches ne devrait pas figurer parmi la littérature jeunesse, qu'il n'est pas un livre destiné aux enfants et là-dessus, je suis assez d'accord. C'est une histoire d'enfants c'est vrai, mais c'est également une histoire dure, où il y a des morts et je pense qu'il faut savoir dans quoi on s'embarque avant de le lire et ce, à n'importe quel âge.



  • Du livre à l'écran


Après avoir terminé le livre, j'ai eu très envie de regarder l'adaptation que Peter Brook a réalisée en 1963. Relativement bien reçu, Sa majesté des mouches a été nominé à Cannes l'année de sa sortie - il n'a pas reçu le prix puisque c'est Le Guépard de Visconti qui a été récompensé.
Trépignant d'impatience, je me lance, le film commence, il y a en pour 1h30, quelque chose comme ça.
En venant au bout, j'ai été un peu déçue, je m'attendais à mieux. Non pas que le film soit mauvais parce qu'il ne l'est pas, mais il n'est pas unique non plus. Il n'a aucune identité qui lui est propre, il est seulement l'adaptation de Sa Majesté des mouches de William Golding, voilà tout. Tout ce que j'ai vu était ce que j'imaginais lors de ma lecture, les personnages, la trame, Brook a tout repris, mais pas pour le mettre à sa sauce, simplement pour le retranscrire, littéralement.
Le scénario ? il n'y en a pas puisque c'est le roman en lui-même - on remarquera d'ailleurs les dialogues directement repris du livre.
Le jeu des acteurs ? il n'y en a pas non plus, Brook a sans doute préféré prendre une bande d'enfants sans aucune expérience pour avoir un rendu "réel" mais le truc, c'est que des fois, on sent bien que c'est forcé, que ça ne fait pas vrai - enfin, c'est mon point de vue.

Attention, j'ai passé un bon moment devant ce film c'est indéniable, mais je m'attendais à tellement mieux, à quelque chose de tellement plus énorme qu'au final j'ai été déçu. Le fait qu'il n'y ait aucune digression par rapport à l'œuvre est en soi une bonne chose, mais quand je regarde une adaptation, je veux pouvoir y trouver la pâte de l'auteur de l'œuvre initiale et celle du réalisateur, sa propre vision, donc quelque chose de personnel.
Là, malheureusement, je n'ai rien trouvé de personnel dans le film, je n'ai pas eu l'impression que Brook s'était approprié l'œuvre, plutôt que c'était une captation du roman et rien d'autre, ce qui est dommage.



"Pour la première fois depuis leur arrivée dans l’île, il s’abandonnait au chagrin et des spasmes déchirants le secouaient des pieds à la tête. Il exhalait son désarroi sous la nappe de fumée noire qui recouvrait les ruines fumantes de l’île. Pris de contagion, les autres petits garçons commencèrent à trembler et à sangloter. Au milieu d’eux, couvert de crasse, la chevelure emmêlée et le nez sale, Ralph pleurait sur la fin de l’innocence, la noirceur du cœur humain et la chute dans l’espace de cet ami fidèle et avisé qu’on appelait Porcinet."
William Golding, Sa Majesté des mouches.



Avez-vous déjà lu Sa Majesté des mouches de Golding ? ou vu le film de Peter Brook ?




Pour l'acheter : 






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