vendredi 22 juillet 2016

Le Coin des libraires - #25 Celui qui ne m'accompagnait pas de Maurice Blanchot

Récemment j'ai lu le livre Celui qui ne m'accompagnait pas de Maurice Blanchot, paru en 1953. Grand personnage que cet auteur à la renommée plus que discutable. Pour dire la vérité, je ne le connaissais pas du tout avant de lire ce livre et, comment s'est-il trouvé en ma possession ? Je l'ai acheté pour une raison qui m'est toujours obscure. 


"Je pris, aussi, peur des mots et j’en écrivis de moins en moins, bien que la pression exercée au-dedans de moi pour m’en faire écrire devînt rapidement vertigineuse. Je parle de peur, mais c’était un sentiment tout différent, une sorte d’usure de l’avenir, l’impression que j’en avais déjà dit plus qu’il ne m’était possible, que je m’étais devancé de telle sorte que la possibilité la plus future était là, un avenir que je ne pouvais plus dépasser."
Maurice Blanchot, Celui qui ne m'accompagnait pas.


Résumé édition L'imaginaire Gallimard 

« Que va-t-il donc arriver ? Ai-je vraiment eu ce désir de me dérober, de me décharger sur quelqu'un d'autre ? plutôt de dérober en moi l'inconnu, de ne pas le troubler, d'effacer ses pas pour que ce qu'il a accompli s'accomplisse sans laisser de reste, en sorte que cela ne s'accomplit pas pour moi qui demeure au bord, en dehors de l'événement, lequel passe sans doute avec l'éclat, le bruit et la dignité de la foudre, sans que je puisse faire plus qu'en perpétuer l'approche, en surprendre l'indécision, la maintenir, m'y maintenir sans céder. Était-ce autrefois, là où je vivais et travaillais, dans la petite chambre en forme de guérite, en cet endroit où déjà, comme disparu, loin de me sentir déchargé de moi, j'avais au contraire le devoir de protéger cette disparition, de persévérer en elle pour la pousser plus loin, toujours plus loin ? N'était-ce pas là-bas, dans l'extrême détresse qui n'est même pas celle de quelqu'un, que m'avait été offert le droit de parler de moi à la troisième personne ? »

Comme je le disais, c'est la première fois que je lisais le nom de Maurice Blanchot, mais comme je suis intrépide (haha) bah forcément, je l'ai lu pour voir ce que Celui qui ne m'accompagnait pas refermait. 

Même encore maintenant, je ne peux dire que je ne sais pas comment j'ai trouvé ma lecture. Je l'ai commencé un peu au hasard, parce que j'allais avoir quasiment deux heures de bus et qu'il me fallait de la lecture - j'avais déjà commencé La force de l'âge de Simone de Beauvoir mais vu le pavé, il prenait un peu trop de place, alors j'ai pris un livre pas trop long sans même réfléchir. 

Celui qui ne m'accompagnait pas de Maurice Blanchot, édition l'Imaginaire Gallimard


Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, c'est l'auteur qui parle de lui, de son "moi" intérieur et qui converse avec. J'ai trouvé que c'était une très bonne idée, forcément quand il s'agit de psychologie, ça m'intéresse - bref. Il parle également de la littérature, enfin du travail d'écriture plus précisément, chose que j'ai aussi bien aimé. Seulement, le fait qu'il n'y ait pas d'histoire, que le texte soit juste un bloc d'un peu moins de 200 pages avec aucun découpage, simplement ses propres divagations, bah, faut le dire ça m'a un peu ennuyé. Enfin, ennuyer n'est pas le terme exact, je dirais plutôt que ça m'a embêté. J'ai trouvé le début très intéressant, je suis directement "entrée" dedans - si c'est possible pour ce genre d'œuvre - mais fatalement, j'ai décroché. 

C'est un texte que j'ai trouvé dur à lire, je m'y suis reprise à deux fois pour certains passages d'ailleurs. Cette œuvre fait partie de celles où il faut être concentré pour les lire, fin si on tourne les yeux rien que trente secondes pour regarder qu'est-ce qu'est la notification qu'on vient de recevoir sur son téléphone, c'est foutu !
Ça n'est pas ce qu'il m'est arrivé, non, je crois même que c'était pire dans mon cas parce qu'en fait, je me suis retrouvé à la page 85 à me dire "mais qu'est-ce qu'il raconte au juste ? j'ai raté quelque chose ??" Et puis il y a carrément des passages où je me suis demandée à quoi il servait, je crois que je n'ai juste pas trop compris - je pense par exemple à tout ce moment où il parle de la cuisine, du fait qu'il a soif. 

Néanmoins je me suis motivée et j'ai été jusqu'au bout, heureusement qu'il faisait même pas deux cents pages parce que sinon je ne suis pas sûre que j'en serais venue à bout aussi facilement ! 
La démarche est vraiment intéressante, mais c'est un peu trop lourd, le style est vraiment très fatiguant ce qui nuit à la compréhension de l'œuvre - je parle pour moi hein - et donc je n'ai pas été passionné comme je pensais que je le serais. 
J'ai un peu le sentiment d'être passé à côté, de ne pas avoir tout compris et c'est assez agaçant quand j'y repense alors, peut-être que je le relirai un jour, plus tard, quand mon expérience de lectrice aura encore évolué et que je me sentirai suffisamment "mûre" pour m'y replonger. 

"Je ne le guette pas, mais le sentiment que je l’attire plus qu’il ne m’attire, que, par mon entremise, s’exerce une puissance qui déjà l’amène aux frontières de ce monde, c’est là comme la racine du mot oubli, la source du trouble, que je ne puis maîtriser, car c’est un sentiment troublant, il dissimule en lui une tentation difficile à vaincre, où je risque sans cesse de me montrer fort contre moi-même."
Maurice Blanchot, Celui qui ne m'accompagnait pas.

En attendant, j'ai continué ma lecture de La force de l'âge que je n'ai pas encore du tout terminé, mais je vous en reparle bientôt, enfin, le plus vite possible ! 









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