dimanche 11 juin 2017

Le Coin des libraires - #55 Dernier Noël de guerre & Moi qui vous parle de Primo Levi

Après avoir lu et aimé découvrir Primo Levi en tant que témoin des camps, mais également en tant qu'écrivain, j'ai eu envie de me plonger dans d'autres oeuvres de lui. 

Le hasard a voulu que les éditions 10/18 ont réédité Dernier Noël de guerre il y a peu et que les éditions Pocket ont publié un entretien inédit de Primo Levi, Moi qui vous parle, datant d'un peu avant sa mort en 1987. Je voulais lire La Trève au départ, mais je ne l'ai pas trouvé, alors je me suis penché sur ces deux livres qui sont très différents. 



  • Dernier Noël de guerre


Ce livre est un recueil de 13 nouvelles allant de la nouvelle animalière aux fragments autobiographiques - comme c'est le cas dans la nouvelle éponyme. 

Malheureusement, j'ai trouvé ce recueil assez inégal. Les premières nouvelles ne m'ont pas particulièrement captivée, en revanche d'autres valent largement le détour : Dernier Noël de guerre par exemple. Celle-ci met en scène un juif déporté qui fête Noël à la façon chrétienne. J'ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle, je l'ai trouvé touchante, différente des témoignages habituels sur la Seconde Guerre mondiale. 
Je trouve donc dommage qu'elle soit la seule dans cette veine (j'entends par là une veine clairement historique), mais on trouve d'autres nouvelles qui font penser à l'oppression, c'est le cas de cette nouvelle absolument géniale nommée "État-civil" qui nous entraîne dans un monde dystopique, où la mort est contrôlée. 


Il y a aussi "Le buffet" qui met en scène un kangourou et traduit l'étouffement, la volonté de fuir le monde, elle est vraiment bien écrite, l'auteur prouve ici qu'il n'est pas simplement un "écrivain-témoin", mais également un écrivain tout court. 

Autrement, certaines nouvelles animalières m'ont beaucoup amusé notamment l'interview avec l'araignée, mais au-delà de ces appréciations pour certaines nouvelles, on ne trouve pas d'homogénéité dans le recueil, ce sont plus des nouvelles qui ont été regroupées sans qu'il y ait une véritable cohérence, ce qui rend le recueil assez inégal, malheureusement. 


Dernier Noël de guerre & Moi qui vous parle de Primo Levi.


  • Moi qui vous parle


Autant le dire maintenant : autant Dernier Noël de guerre m'a déçue pour son manque d'unité, autant Moi qui vous parle m'a déçu pour son manque de contenu. 
La première chose que l'on aperçoit à la vue du livre, c'est bien évidemment cette phrase "L'ultime entretien inédit", forcément ça donne envie. J'ai un peu eu le sentiment qu'on m'a vendu un truc sur du sable malheureusement, et ça m'embête un peu, mais il faut vraiment penser à arrêter d'écrire ce genre de trucs, ça fait vendre, mais j'ai bien le sentiment que ça déçoit plus qu'autre chose au final. 

Alors attention, je ne dis pas non plus que ce livre est dénué d'informations, qu'il est d'un ennui mortel et bon à jeter. Je dis seulement que ce qu'on nous donne ne rassasie par l'appétit qui nous habite. Comme je le disais dans mon article sur Primo Levi justement, je m'interroge énormément sur les raisons de son suicide, je me demande si ce ne pourrait pas être un accident, etc. et je m'étais dit qu'étant le dernier entretien, peut-être qu'on pourrait y déceler une information, quelque chose qui permettrait peut-être de comprendre. Malheureusement, la mort soudaine de l'écrivain n'a pas permis à Giovanni Tesio (l'homme qui interroge Levi) de venir à bout de leur entretien ce qui explique le manque de données sur sa vie d'adulte, notamment après les camps.


Beaucoup de réponses sont intéressantes, on en apprend plus sur son enfance, son adolescence, mais j'avais du mal à m'imaginer la chose tellement le ton me paraissait loin, trop détaché, sans aucune intimité. 
Oui, ce qui me gêne le plus dans cet entretien est le fait qu'il soit inachevé, alors oui on nous prévient dès la préface, mais il serait bon de le noter, ça permet en plus d'en déduire qu'il s'agit de "l'ultime entretien", mais bref. Malheureusement, on n'en apprend pas plus sur l'homme qu'a été Primo Levi à la sortie des camps - si ce n'est ce qu'il a dit dans les préfaces de Si c'est un homme par exemple, il nous dit au détour d'une phrase qu'il s'est marié et a eu un enfant, mais le mystère reste entier. 



C'est donc sur une touche assez négative que je suis venue à bout de ces deux livres, lus dans la foulée. Mais ce n'est rien, ce que ne sont pas d'immenses déceptions non plus, alors je vais persévérer, trouver et lire La Trève, et Lilith






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