mercredi 28 juin 2017

Le Coin des libraires - #57 Juste avant le bonheur d'Agnès Ledig

Tout comme Agnès Martin-Lugand, Agnès Ledig fait grand bruit depuis quelque temps maintenant  - à raison d'une publication par an environ, il est normal qu'elle revienne souvent sur les devants de la scène. À vrai dire, Juste avant le bonheur est mon premier de l'auteure, et peut-être bien le dernier. 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je pense qu'il est bon de dire tout de suite que ce n'est pas forcément un "mauvais livre" même si c'est vrai, je vais dire beaucoup de choses négatives dessus, je crois que dans le fond, c'est simplement que ce genre de roman contemporain avec ce type d'histoire et d'écriture ne me plaît pas particulièrement - Les gens heureux lisent et boivent du café a d'ailleurs le même traitement, je les range tous les deux dans une même catégorie générique. 



Cela fait longtemps que Julie ne croit plus aux contes de fées. Caissière dans un supermarché, elle élève seule son petit Lulu, unique rayon de soleil d’une vie difficile. Pourtant, un jour particulièrement sombre, le destin va lui sourire. Ému par leur situation, un homme les invite dans sa maison du bord de mer, en Bretagne. Tant de générosité après des années de galère : Julie reste méfiante, elle n’a pas l’habitude. Mais pour Lulu, pour voir la mer et faire des châteaux de sable, elle pourrait bien saisir cette main qui se tend…



Bon, entrons dès maintenant dans le vif du sujet : l'histoire. Afin de ne pas passer par quatre-chemins, je vais donner ici les aspects qui m'ont déplu dans ce livre. Il y a d'abord la rapidité folle des événements : du jour au lendemain tout change complètement à tel point que ça paraît invraisemblable, franchement la rencontre entre Julie et Paul et leurs échanges par la suite avant le départ en Bretagne, tout ça, ça ne sonne absolument pas réel, pas une fois j'ai cru à ce qu'on me servait si bien que dès le début, c'était assez compliqué pour accrocher. 

Il y a ensuite, tous ces préjugés, celui de l'homme retraité qui veut serrer une petite femme d'une vingtaine d'années, bah oui parce que c'est bien connu, quand un homme parle à une femme, c'est seulement pour se la faire. Ou encore celui comme quoi Julie est nécessairement une écervelée parce qu'elle a eu un enfant très jeune ou même qu'elle compte profiter d'un vieil homme, parce qu'après tout à son âge, que pourrait-elle faire d'autre ? 
Franchement ce sont des préjugés qui n'ont pas lieu d'être et qui cataloguent péjorativement les personnages. Alors bien sûr tout le roman va s'attacher à se séparer de tous ces préjugés et à montrer que non les gens ne sont pas comme ça, oui d'accord, mais encore ? 

Il y a enfin cette proximité entre les personnages qui semblent sortie de nulle part, c'est tout ou rien j'ai l'impression : Jérome par exemple, il déteste Julie au début, et il le fait bien savoir, mais voilà, il suffit d'une course entre les deux pour que hop, toute animosité se soit envolée. 

Vu comme ça, c'est vrai que ça fait beaucoup de critiques - et ce n'est pas encore terminé - mais je dois bien avouer que la deuxième partie du livre (qui correspond à "l'après accident") est quand même plus intéressante, plus profonde. Je ne dirais pas que ce n'est que du pathos parce que je ne pense pas que ce soit le cas, je ne pense pas avoir de leçon à donner à une femme qui écrit sur la mort d'un enfant quand on sait qu'elle en a elle-même perdu un. 


Juste avant le bonheur d'Agnès Ledig, édition Pocket collector.

Oui il y a beaucoup de choses qui ne vont pas : le fait que Julie soit à la limite de la panique à l'idée de partir en mer parce qu'elle a peur de l'inconnu, mais qu'elle n'ait pas peur de partir en Bretagne chez des inconnus avec son gosse, ça, ça ne la fait pas stresser plus que ça, c'est complètement invraisemblable ! 
Ce genre d'histoire plus les personnages qui sont des stéréotypes ambulants, bah,  il devient difficile de s'attacher, de compatir, excepté pour Julie qui est bien évidemment mise en avant par rapport aux autres. Au début je trouvais Paul relativement prometteur, son histoire passée, etc. mais c'est le personnage qui a été complètement éclipsé après l'accident et c'est dommage. 

Forcément on a mal pour Julie, mais je ne pense pas que l'événement survenu devait se trouver à ce moment-là dans l'histoire. En fait je trouve que jusqu'au départ de Bretagne qui sonne le retour à Paris, il n'y a pas grand chose d'intéressant. C'est vrai, il arrive que les débuts soient difficiles, le temps de poser l'ambiance, les personnages dans un cadre bien précis et qui se veut réaliste : Julie est une caissière dans un supermarché, elle rencontre Paul qui est à sa caisse, jusque-là ok, mais après ? quel est ce virage où du jour au lendemain lui tranquille, il lui sort qu'il veut l'emmener elle et son fils en Bretagne, quand est-ce que ça arrive ça dans la réalité ?? 



Il ne sert à rien d'épiloguer durant des heures, je n'ai pas accroché, non pas que je m'attendais à être particulièrement éblouie ou quoi, j'avais entendue que les critiques étaient plutôt mitigés, mais que faire quand la curiosité prend le dessus. 
Je n'ai pas adhéré, à cause de l'histoire (pas l'histoire entière attention !), à cause de la plume de l'auteure qui ne m'a pas paru impérissable, en revanche elle décrit parfaitement bien la lassitude, le manque, la tristesse ou encore la perte. C'est vraiment ce qui a sauvé ma lecture, j'ai aimé la deuxième partie, je l'ai trouvé bien plus aboutie, travaillée, réaliste, tout ce qu'il m'a manqué lors de la première partie en fait. 


"Quelques larmes, pour laisser s’écouler le trop-plein d’un coeur trop gros. Trop de chagrin. Aujourd’hui est un jour sans. Elle ne peut pas voir le soleil chaque matin. Le ciel est parfois sombre, et donne une autre lumière à la vie, un peu plus terne, un peu plus grise, moins réjouissante."

Agnès Ledig, Juste avant le bonheur.









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le ciel en sa fureur d'Adeline Fleury

Quand le varou m'emportera je m'endormirai dans le ciel de tes yeux. Sous les auspices de Jean de La Fontaine, Adeline Fleury nous ...