mercredi 14 février 2018

Le Coin des libraires - #85 L'immense regret qui me conduit sur le chemin de chez moi d'Alain Sevestre

L'immense regret qui me conduit sur le chemin de chez moi (on parle de ce nom à rallonge ?) d'Alain Sevestre fait partie de la rentrée d'hiver 2018 et il faut bien dire que sans Babelio et sa masse critique, je ne l'aurais toujours pas lu. 

L'année dernière à la même période j'ai eu la chance de recevoir Ressentiments distingués de Christophe Carlier, un Phébus là aussi. La différence majeure entre les deux est que j'avais bien accroché au premier et malheureusement, j'ai beaucoup moins accroché avec celui-ci. 


« Elle est arrêtée derrière la porte close. Elle lève la tête vers le plafond de la cage d’escalier, bouche ouverte, cherche de l’air.
Elle descend l’escalier en somnambule. En bas, sur du plat, c’est moins évident, elle appuie l’épaule contre les boîtes à lettres, il va falloir sortir.
Et puis, ce printemps. Partout, dans les squares, dans l’air, dans les arbres, même si on ne peut plus leur faire confiance, partout, c’est le printemps, le jour plus clair plus tôt, et des gens qui ne savent pas comment s’habiller pour la journée, se ravissent. L’implacable printemps.
Elle marche dans la rue. Marcher, c’est facile. Elle marche beaucoup. »

Alain Sevestre nous offre l’inoubliable portrait d’une femme qui aime.



Je trépignais d'impatience de le recevoir, rien que pour l'objet. Je trouve les romans des éditions Phébus très beaux, très agréables au touché avec souvent de très belles couvertures - oui, vous savez maintenant qu'une couverture suffit à me faire acheter et donc lire un livre... -, mais déjà là, je trouvais la couverture de celui-ci moins jolie que d'habitude. En tout cas, bien moins jolie que celle de l'autre roman sortie en même temps : Histoire vraie de nos vies formidables d'Elizabeth Crane qui me fait très envie. 
Non mais honnêtement, quelqu'un peut-il m'expliquer cette couverture ? enfin voilà, perso j'adhère pas du tout... d'ailleurs, peut-être que ça aurait dû être un signe suffisant, peut-être que ça voulait déjà dire que ce livre n'était pas fait pour moi, mais tant pis, je l'ai reçu et maintenant il est lu donc c'est trop tard. 

Plus sérieusement, j'exagère un peu. Je n'ai pas envie qu'on pense que je démonte un bouquin juste comme ça, en vérité cette lecture n'a pas non plus été catastrophique, j'ai pas galéré à le terminer ou quoi. C'est simplement, que, bah je suis restée hermétique aux personnages et donc à l'histoire évidemment. 


L'immense regret qui me conduit sur le chemin de chez moi d'Alain Sevestre, éditions Phébus.


On suit donc Camille, journaliste parisienne et amoureuse perdue. J'ai, de prime abord, était intéressée par l'intrigue autour du journal où elle bosse, le fait que la direction ait changé, que plein "d'anciens" décident de prendre le large. J'ai trouvé ça franchement prometteur, mais à l'image du bouquin entier, j'ai trouvé que c'était bien trop survolé, au final tout semble être un prétexte pour suivre une fille paumée dans sa tête, qui ne fait que divaguer au fur et à mesure des pages, pour en venir à la conclusion que son pote nous a donné dès le début du livre. 

Oui, je crois que c'est ça mon problème avec cette oeuvre, pas une fois j'ai eu l'impression que Camille était dotée de sentiments réels, pas une fois j'ai ressenti de l'empathie pour elle ou même quoi que ce soit d'autre. Je suis restée passive tout du long et c'est véritablement ce qui m'a dérangé.
Alors oui, peut-être que je suis complètement passée à côté de l'histoire, peut-être que j'aurais dû me laisser envoûter que ce soit par la plume ou par cette femme, mais tout ce qui me sautait aux yeux, c'était l'absence. Absence de profondeur, d'épaisseur, d'intérêt, d'enjeux tout simplement. 

Je lisais tout en me disant qu'il n'y avait pas d'évolution depuis le début, que je pouvais bien continuer à lire, les personnages apparaissaient toujours aussi fades et surtout inconnus. Les deux hommes dans la vie de Camille sont des ombres, on ne sait quasi rien d'eux à part deux-trois éléments à la volée. On ne peut pas s'attacher à des personnages avec aussi peu de détails, comment s'attacher à un personnage si on ne le connaît pas ? 

Et puis, comment apprécier une histoire si on ne voit pas où l'auteur veut nous mener ? Non mais en réalité, c'est surtout à cause de ce moment, lorsque Camille boit un coup avec ses amis et qu'ils lui parlent des deux hommes dans sa vie où on lui dit avec qui elle finira et je me suis dit "si c'est ça la conclusion, c'est pas possible" et pourtant... 


En vérité je vais m'arrêter là, je n'ai pas envie de dégoûter des lecteurs potentiels, après tout ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé que vous n'aimerez pas - après tout, contrairement à moi, beaucoup ont aimé Les gens heureux lisent et boivent du café... 
Finalement, je dirais simplement que je n'ai pas accroché à la quête et à toutes les péripéties qui mènent à cette conclusion. C'est un peu un tout et même le style de l'auteur n'a pas pu sauver mon appréciation. Je n'ai jamais lu d'Alain Sevestre auparavant donc je ne sais pas si c'est ce livre qui me pose problème ou plus les écrits de cet auteur, mais dans tous les cas, je suis contente de pouvoir dire que cette lecture, aussi rapide fut-elle est loin d'être mémorable, et qu'elle est même un peu décevante.


"Ça sera encore plus difficile de vivre parce que au moins quand tu es avec quelqu’un, tu n’y penses pas, ou peu. Quand on est seul, c’est encore plus difficile d’être."

Alain Sevestre, L'immense regret qui me conduit sur le chemin de chez moi









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